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Véhicules électriques, véhicules jetables ?

L’agence de presse Reuters a récemment publié une étude sur le coût de réparation des véhicules électriques.

Les journalistes se sont intéressés aux véhicules électriques dans les casses outre-Atlantique et sur le Vieux Continent, et ont découvert « une grande proportion » de Teslas à faible kilométrage, mais aussi des modèles de Nissan, Hyundai, Stellantis (PSA), BMW, Renault, entre autres.

Il ressort de cette enquête, menée sur plusieurs continents, que majoritairement les véhicules électriques (VE) ne sont pas réparables après un accrochage. Au vu du coût exorbitant d’une réparation sur la batterie, votre assureur va déclarer votre véhicule « économiquement non réparable » au moindre impact sur celle-ci.

Ce qu’il faut savoir :

D’une part.

Le poids des batteries, associé aux structures renforcées pour soutenir celles-ci, font que la masse des véhicules électriques (VE) est de 300 à 500 kg plus importante par rapport aux véhicules thermiques, ce qui augmente l’énergie cinétique et donc la gravité des accidents, même à faible vitesse (E=MC²…).

Ce qui influe directement sur le coût des réparations : La société Solera Inc (société d’analyse de données pour les secteurs de l’assurance automobile), sur 92 000 devis de réparation dans 20 pays, a révélé que les coûts de réparation des VE sont 29% plus élevés que ceux des thermiques. Ce surcoût pousse les assureurs à envoyer les VE accidentés à la casse, allant à l’encontre des objectifs écologiques, puisque les VE émettent 77% de CO2 en moins que leurs équivalents thermiques sur leur cycle de vie, à condition qu’ils soient utilisés durablement en fonctionnant à de l’électricité non carbonnée…

D’autre part.

Le problème majeur se trouve au niveau de la réparabilité des batteries, qui sont très coûteuses et représentent souvent près de 50% du prix du véhicule. Un moindre défaut sur la batterie, après un simple accrochage, peut rendre le véhicule irrécupérable, incitant les assureurs à les déclarer irréparables pour éviter des coûts exorbitants.

Les batteries intégrées à la structure des VE, bien que moins coûteuses à produire, sont difficiles à réparer, en outre, les assureurs et réparateurs indépendants peinent à obtenir des informations électroniques sur les batteries, limitant les possibilités de réparation.

En effet, les ateliers de réparation sont rares et spécifiques à certaines marques, qui ne veulent pas divulguer des données confidentielles, allongeant ainsi les délais de réparation à 4-6 mois.

Durabilité et empreinte carbone : Pour être écologiques, les VE doivent être utilisés sur de longues durées et rechargés avec de l’électricité décarbonée. La fabrication des batteries émet de 5 à 15 tonnes de CO2 selon l’ADEME, créant une dette carbone initiale plus élevée que celle des thermiques. De fait, un VE doit parcourir au moins 200 000 km pour commencer à compenser cette empreinte carbone.

Conclusion : Pour que les VE réalisent pleinement leur potentiel écologique, il est impératif de résoudre les problèmes de réparabilité des batteries. Cela inclut l’amélioration de l’accès aux données de diagnostic et la promotion de conceptions facilitant les réparations, garantissant ainsi une utilisation durable et réduisant les coûts économiques et environnementaux associés à ces véhicules ; mais encore faut-il que l’électricité utilisée ne soit pas issue de centrales thermiques.

FL

Photo : Tristan Nitot FLICK